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  • Philippe C

Pourquoi je ne pêche plus au vif.


Préambule

Attention, je ne cherche à vexer personne. J'écris juste ce que je pense en exposant mes arguments, je critique une technique et non des pratiquants.

Comme beaucoup de pêcheurs, j'ai pratiqué la pêche au vif pendant de longues années, plus de 15 ans à poser mes 3 puis 4 lignes eschées de gardons, rotengles, chevaines, ou autres ablettes et perches soleil. J'ai même pêché le bass avec des carpeaux, bref j'ai trimbalé et usé un très grand nombre de ces petits poissons pour assouvir ma recherche de carnassiers.

La maturité, le changement de convictions et la pratique de la pêche aux leurres m’ont fait tourner la page d'une pratique ancestrale pourtant si chère à mon cœur.

Extrémiste ou intégriste.

Les connaissances et l’expérience sur ce sujet, je les ai acquises seul, et l'analyse du pourquoi cette pêche ne me plaît plus est simplement l’aboutissement de plusieurs années de réflexion.

Je vois déjà arriver les pêcheurs qui traitent d’extrémistes ou d'intégristes tous les pratiquants ayant un tant soit peu de jugeote ou de respect envers leurs partenaires de jeu. Certains vont dire "si tu veux pas faire de mal aux poissons arrête de pêcher" , je leur répondrai "si tu veux arrêter de dire des conneries ferme ta gueule".

Je vais lister les côtés qui me déplaisent pour être plus concis et lisible.

-La pêche au vif est un vecteur de pathologie piscicole.

Prendre des poissons d'une rivière ou d'un étang et les mettre dans un autre plan d'eau ou fleuve est le meilleur moyen de propager tout un tas de virus, parasites, bactéries, champignons. Le stress du transport et le stockage dans des contenants jamais désinfectés n'arrangent rien.

Pour avoir fais des études de pisciculture faut voir le nombre de précautions que se donnent les professionnels du transport de poissons lors des déplacements. Les pêcheurs n’ont aucune idée de tout ça.

-la pêche au vif est un vecteur de propagation d'espèces sensibles ou nuisibles.

La présence d'herbier envahissant (lagarosyphon entre autre), la présence de pseudorasbora (petit poisson porteur sain d'une maladie), l’expansion du poisson chat , la moule zébrée, les écrevisses américaines sont dues en grande partie au transport d'eau et de poissons à travers le territoire, notamment dans les seaux à vifs.

J'entends dire par les vieux que les poissons ou les œufs arrivent collés aux pattes des oiseaux, ça me fait rire même si il y a très peu de chances que cela soit possible. Le transport de poissons vivants est de fait le problème N°1.

Port du vif obligatoire

-le gâchis du stockage.

Combien de vifs sont nécessaires pour attraper un carnassier ? Facile me direz-vous, un seul suffit, ok, mais combien de vifs meurent sans avoir rempli leur fonction ?

En été je vois des pêcheurs remplir leurs seaux d'ablettes, aucune n'arrivera à la maison vivante. Le simple fait de les toucher les met déjà en danger de mort. La température, l'oxygène dissous, le stress, auront vite fait de tuer tout ce qui n'est pas solide comme une perche soleil.

Pour les espèces plus grosses, le stockage doit se faire de manière semi pro avec pompe, aérateur et un grand volume d'eau à l'ombre dans un bassin fermé car les poissons sautent pour échapper à cette prison style couloir de la mort, mais encore faut-il pouvoir le faire et surtout être vigilant.

-Pêche ancestrale, la coutume et autre ancrage dans les mœurs des anciens.

Pratiquée depuis que l'homme a su faire autre chose que de piéger les animaux terrestres, la pêche au vif est répandue et très pratiquée pour attraper sandres et brochets au moyen de lignes. Quatre lignes par personnes ça en fait 12 quand un trio s'installe sur des frayères à sandres à l’ouverture par exemple. La récente législation limitera cette équipe à 9 poissons pour cette journée.

Avant l'aller-retour au congèl.

On apprend aux jeunes la pêche au vif en même temps que la pêche au coup, histoire de dire que ce gardon ne repartira pas à l'eau sans avoir retâté d'un autre hameçon au cas ou un brochet se tiendrait dans le coin. Les autres petits blancs seront de fait gardés comme des appâts au même titre que des vers ou asticots, et destinés à périr quoi qu'il en soit. Remettre un poisson à l'eau est encore une hérésie pour une certaine génération rurale ou pas.

D'autres pratiquants de la pêche au vif plus moderne sont plus sympas avec leurs vifs. Ils les stockent correctement, les nourrissent et leur changent l'eau quand il le faut. Pêcher ses vifs sur place puis les relâcher après une partie de pêche, geste admirable, mais pas si répandu quand les vifs se font rares. Je suis sûr qu'aucun de ces pêcheurs ne mettrait un oiseau en cage ne serait-ce qu'une semaine. Drôle de comparaison mais elle est facile à gober, mais ça s'explique, si les poissons sifflaient comme des merles on serait sûrement plus compatissant.

-Tous les viandars pêchent au vif. (et pas l'inverse "tous les pêcheurs au vif sont des viandars").

Rares sont les "tous tueurs" qui pêchent au leurre. Certains pêcheurs qui pêchent au leurre sont modérés et gardent 2 ou 3 sandres ou perches à l'année histoire de rassasier la famille pour un ou deux repas de poisson sauvage et pour faire plaisir à maman. La législation a évolué, pas plus de 3 fish par jour, 2 brocs maxi, ça fait quelques centaines de milliers de broc par an pour les viandars qui congèlent ou qui filent ça au chien quand c'est tout pourri au fond du congèl.

-la pêche au vif c'est pas du sport.

Poser 4 cannes sur des piques et son cul sur une chaise c'est pas du sport, c'est sûr.

Le vif qui s'agite tout seul fait le travail. Reste plus qu'à attendre que le broc ait avalé jusqu’à l’oignon. Ce n'est pas de la pêche, c'est une forme de piégeage par la bouche, un pêcheur qui laisse ses cannes "travailler" 8 heures sans les tenir n'est pas un pêcheur mais une feignasse, enfin dis comme ça c'est sûr, les vieux papy grabataires ne peuvent pas pêcher au leurre j'en suis conscient.

-la pêche au vif du silure. (pêche sportive addictive)

Bien sûr que le vif est meilleur que le leurre, aucun doute, mais le problème ici c'est la taille des vifs, ce ne sont plus des poissonnets de 7cm mais des géniteurs de 40. Tuer un géniteur carassin ou chub ou autre pour pêcher puis relâcher un silure, le commerce du vif à silure enchante les pisciculteurs. Trop peu de pêcheurs de silures pêchent leurs vifs sur place, mais je sors de mon fil conducteur.

Le vrai sujet c'est ici le respect du fish. Je respecte le silure en le relâchant mais au prix de la mort de beaucoup de poissons d'autres espèces par ma propre action. Quand on voit les tableaux de silures (des milliers par an) on imagine facilement des dizaines de milliers de gros vifs morts et d'autres accrochés au fond de l'eau dans une branche qui se font aussi manger. Un vif dans ce cas-là peut être un piège mortel posé par un pêcheur qui hurlerait au scandale devant un silure mort. Pourquoi les vifeurs au silures n'utilisent pas de petit silure en vif ? je vous pose la question.

Photos trouvée sur le net en tapant "pêche au vif", j'ai choisi bien sûr des photos gores, le poids des mots, le choc des tofos.

Argument un peu litigieux mais je pense accordable.

Si on veux critiquer la pêche pro, il faut d'abord montrer patte blanche et ne pas faire le faux cul en criant au scandale devant un étal de poissonnier (pêcheur pro) de la Loire qui vend du barbeau alors que c'est un vif très répandu chez les chercheurs de big silures. Le jour où nous devrons nous battre pour de bon contre les bracos légaux, l'argument de la pêche au vif nous explosera peut-être dans la tronche...

Enfin j'dis ça comme ça, c'est un exemple.

L'anguille (espèce en voie de disparition) est aussi très prisée des siluristes (pas tous bien sûr). Encore pire, tuer une espèce en danger pour en relâcher une en pleine forme, on croit rêver.

Il existe beaucoup d'autres techniques que la peche au vif pour le silure, il suffit juste de s'y mettre.

La suite

Je vois déjà des énervements chez les siluristes, mais c'est normal , ce post est écrit par un type qui dit ce qu'il pense sur son blog. J'essaie juste de montrer qu'une pratique de pêche peut se retourner contre toute une passion. Je n'en veux pas ni n'ai aucune sorte de ressentis envers vous soyez-en rassurés amis pêcheurs au vif.

En Europe la législation n'est pas la même dans tous les pays, il suffit de voir à l'étranger ce qu'il se passe pour comprendre de suite que le pays originaire de cet article est toujours en retard sur les questions de législation sur les activités ancestrales.

Dans notre cas les lois pêches datent de plus vieux que l'arrière grand père de mon vieil oncle... ou l'inverse, peu importe.

Quelles solutions pour avancer ?

Apprendre à pêcher soi-même ses vifs sur place, limitation a 1 canne tenue en main, interdiction de transport de poissons vivant par des particuliers. C'est un début, sachant que pour créer un parcours no-kill c'est super compliqué je me doute bien que changer la réglementation sur la pêche au vif en France est quazi mission impossible.

En espérant avoir amené un éclairage sur cette pratique d'un autre age, pour ma part je n'ai jamais pêché autant de poisson que depuis que je pêche au leurre, mais c'est un autre sujet.

La bise et no-kill !


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